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L’équipe de Marc Dalod du CIML démontre que certaines cellules immunitaires spécialisées peuvent être néfastes plutôt que protectrices lors d’infections par la grippe et le SARS-CoV-2

L’équipe de Marc Dalod du Centre d’Immunologie de Marseille-Luminy (CIML) vient de publier dans la prestigieuse revue Nature Immunology une étude qui bouleverse notre compréhension de l’immunité antivirale. Les travaux menés par Elena Tomasello en collaboration avec le Centre d’Immunophénomique et plusieurs autres équipes de recherche remettent en question un dogme scientifique établi concernant le rôle des cellules dendritiques plasmacytoïdes (pDCs) dans la défense contre les virus.

Depuis leur découverte il y a environ 25 ans, les pDCs sont considérées comme des cellules immunitaires essentielles à la lutte antivirale, notamment en raison de leur capacité unique à produire massivement des interférons de type I et III, des molécules cruciales pour la réponse immunitaire. Cette vision était si ancrée qu’elle constituait un véritable dogme scientifique.

L’étude dirigée par les Dr Elena Tomasello, Directrice de Recherche au CNRS, Marc Dalod, Directeur de Recherche au CNRS et Ana Zarubica, Ingénieure de Recherche à l’Inserm a développé un modèle murin innovant permettant d’étudier spécifiquement le rôle de ces cellules. En créant des souris génétiquement modifiées dépourvues uniquement de pDCs, ils ont pu analyser avec précision leur contribution lors d’infections virales.

Des résultats surprenants

Contrairement aux attentes, les chercheurs ont découvert que :

  • Les souris sans pDCs survivent mieux aux infections respiratoires par le virus de la grippe H3N2 et le SARS-CoV-2
  • L’inflammation pulmonaire est réduite en l’absence de ces cellules
  • Les pDCs contribuent à l’immunopathologie plutôt qu’à la protection lors de certaines infections virales respiratoires

Ces résultats montrent que les pDCs et leurs interférons ne sont pas seulement redondantes, mais peuvent être délétères lors de plusieurs infections virales.

Implications thérapeutiques

Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques. Plutôt que de chercher à stimuler l’activité des pDCs, comme cela a parfois été proposé pour traiter les infections respiratoires sévères, il pourrait être bénéfique d’inhiber sélectivement leur action néfaste tout en préservant les fonctions protectrices des interférons et d’autres cellules immunitaires.

Ces travaux suggèrent qu’une approche thérapeutique ciblée pourrait améliorer le traitement des formes sévères de COVID-19 et d’autres infections virales respiratoires. Au-delà des résultats spécifiques sur les infections virales, cette équipe a mis au point un modèle murin unique qui permettra à la communauté scientifique internationale de réévaluer rigoureusement les rôles des pDCs dans de nombreuses pathologies.