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Le chargé de recherche CNRS du Centre d’immunologie de Marseille-Luminy est récompensé pour ses travaux sur les interférons et la régénération des tissus épithéliaux.


Achille Broggi est lauréat de la médaille de bronze du CNRS 2025. Cette distinction salue ses contributions remarquables à l’étude des mécanismes de l’immunité innée, notamment ses découvertes sur le rôle complexe des interférons dans la protection et la réparation des tissus.
Ses recherches portent sur les interférons de type I et leur influence sur l’équilibre de l’épithélium intestinal dans des contextes d’inflammation chronique et d’infection. Le scientifique s’intéresse particulièrement à comprendre pourquoi l’organisme dispose de multiples systèmes d’interférons qui semblent avoir des fonctions similaires.


Après ses études en médecine translationnelle à Milan, Achille Broggi a rejoint la Harvard Medical School pour son post-doctorat. Il y a étudié l’interféron lambda (IFN-λ), une molécule antivirale qui se distingue par son action localisée, principalement au niveau des muqueuses. Cette spécificité a orienté ses recherches vers la compréhension de ce système immunitaire ciblé. Le chercheur a mis en évidence que l’IFN-λ joue un rôle de modulateur en protégeant les muqueuses par l’apaisement de la réponse des neutrophiles. Cependant, ses travaux ont révélé un paradoxe : lors d’infections respiratoires prolongées, cet interféron antiviral peut entraver la réparation des tissus et favoriser les infections secondaires en empêchant la régénération des cellules épithéliales. Cette découverte contre-intuitive montre qu’un interféron antiviral peut devenir délétère dans certaines infections virales selon la cinétique de la réponse immunitaire.


Installé au CIML où il dirige désormais son équipe de recherche, il a étendu ses investigations au système digestif. Ses recherches sur les maladies inflammatoires chroniques intestinales ont montré que l’IFN-λ perturbe la régénération de la muqueuse en activant un récepteur sensoriel spécifique dans les cellules responsables de la réparation tissulaire. Cette activation conduit ces cellules vers la mort cellulaire, un mécanisme observé aussi bien dans les modèles expérimentaux que chez les patients.
L’utilisation d’organoïdes a permis au scientifique de faire le pont entre les modèles animaux contrôlés et la réalité clinique. Cette technologie innovante lui a ouvert la voie pour établir des liens directs entre ses observations expérimentales et les applications thérapeutiques potentielles chez l’homme.


Achille Broggi développe ses recherches dans une optique translationnelle, établissant des collaborations avec l’hôpital Nord de Marseille et le groupe national REMIND. Cette approche lui permet d’intégrer des données cliniques pour affiner ses modèles expérimentaux et développer de nouvelles pistes thérapeutiques.


Cette distinction témoigne de l’excellence scientifique du Centre d’immunologie de Marseille-Luminy, qui rassemble plus de 200 scientifiques travaillant sur les mécanismes fondamentaux de l’immunité. La médaille de bronze du CNRS reconnaît annuellement les premiers travaux prometteurs d’une quarantaine de jeunes chercheurs.